Totalize 1944

Sorti aux éditions Memorabilia voici un livre sur l'opération Totalize au sud de Caen en août 1944 avec dee nombreuses photos d'époque et du matériel retrouvé sur place.

Le livre retrace aussi la vie du village de Rocquancourt durant la guerre. Situé le long de la route de Falaise, ce village voit l'occupation allemande avec notamment l'installation d'un aérodrome de campagne mais aussi subit de terribles bombardements et combats à l'été 44.

De nombreuses reliques des combats sont présentées dans ce livre mais aussi des témoignages de civils et de militaires britanniques et allemands.

Un livre de 96 pages au prix de 15.90 € écrit par les auteurs de Goodwood et un nouvel auteur pour la partie spéciale Luftwaffe.

 

Disponible à la mairie de Rocquancourt Et ici



Depuis juin 1940, Saint Aignan de Cramesnil vit sous l'occupation allemande. Quatre ans plus tard, le 6 juin 1944, 133 000 soldats alliés débarquent sur les plages de la Manche tandis que 23 000 parachutistes sautent sur le sol normand…

Caen et ses environs constituaient le pivot de la défense allemande. Les Allemands avaient en effet établi au sud de Caen l'une de leurs plus solides lignes de défense et, si cette ligne était brisée, la 7ème Armée allemande était prise en tenaille entre les forces anglo-canadiennes et les forces américaines venant de la direction opposée. Ce qui explique l'âpreté des combats et la difficulté de la progression vers le sud des forces alliées débarquées le 6 juin. Caen devra attendre le 9 juillet pour que soit libérée la rive gauche de l'Orne, et le 19 pour la rive droite. C'est alors seulement que put débuter l'opération Totalize et la marche vers le sud de notre région.

L'opération Totalize débute le 7 août 1944 sous le commandement de l'armée canadienne, flanquée à l'est par la 51ème division du Scottish Highland et épaulée par la 1ère Division Blindée polonaise et le 1er Northamptonshire Yeomanry britannique. La tactique d'une marche de nuit fut alors choisie. Dans la nuit du 7 au 8 août, les chars du 1er Northamptonshire Yeomanry traversèrent la campagne et percèrent les lignes allemandes.

Le 1er Régiment du Northamptonshire Yeomanry (cavalerie volontaire du comté anglais de Northampton) avait été fondé au XVIII ème siècle par le comte Spencer. Le terme "Yeomanry" désignait les régiments de cavalerie composés de volontaires, propriétaires terriens, fermiers et travailleurs ruraux qui possédaient leurs propres chevaux et s'entraînaient durant leur temps libre. En 1939, les "Yeomen" furent mobilisés non plus avec leurs chevaux, comme par le passé (et notamment encore pendant la 1ère Guerre Mondiale), mais avec des chars. Le recrutement fut un tel succès que ce furent deux régiments, et non un seul comme prévu, qui débarquèrent sur le plages de Normandie. Le 2ème Northamptonshire Yeomanry participa avec la 11ème Division à certains des plus terribles combats de la tête de pont autour de Caen.

Le 1er Northamptonshire Yeomanry avait été, lui aussi, impliqué dans les combats au sein de la Brigade Blindée qui coopéra avec diverses divisions d'infanterie. Ce régiment se composait de plus de 60 chars et 500 hommes. Débarqué les 14 et 15 juin 1944 sur la plage du Hamel à Asnelles, il combattit d'abord dans le Bocage (libération de Noyers-Bocage) puis entra dans Caen le 9 juillet. Après la bataille de Caen, le 1er Northamptonshire constitua avec deux autres régiments la 33ème Brigade Blindée et vint renforcer l'armée canadienne qui avait perdu beaucoup d'hommes.

Le 7 août 1944, à 23 heures, les chars de la 33ème Brigade Blindée du 1er Northamptonshire Yeomanry et du 1er Black Watch de la 51ème Division écossaise partirent de Cormelles le Royal en direction de Saint Aignan. Cette marche de nuit, guidée par le capitaine Boardman, les amena via Bourguébus à leur premier objectif : une haie située à la limite de Secqueville et de Saint Aignan. Ils y arrivèrent le 8 août à 2h45 et, après une pause, reprirent leur progression. Notre village fut libéré ce 8 août 1944 à 5 heures du matin. Mais les combats n'étaient pas terminés.

La progression des Alliés devait être soutenue par un bombardement américain entre 12h30 et 13h. Les cibles des 678 bombardiers lourds (formés en groupes de 12) étaient à environ 2 kilomètres devant les troupes alliées. Mais deux des groupes de bombardiers larguèrent leurs bombes sur les Alliés. L'artillerie polonaise et l'artillerie canadienne furent sévèrement touchées. Le North Shore Régiment canadien perdit dans ce malencontreux bombardement plus d'hommes que lors de son assaut sur les plages du 6 juin. Le bilan de cette tragique erreur est lourd : environ 65 tués et 250 blessés, 55 véhicules détruits, ainsi qu'une quantité considérable de munitions.

 

A 12h40, les Allemands lancèrent une contre-attaque par la route de Falaise et, dans le secteur de Robert Mesnil (commune de Cintheaux), la bataille fit rage. Les Sherman du 1er Northamptonshire mirent hors de combat les Tigres allemands, au prix de lourdes pertes : 16 chars anglais et 20 chars allemands détruits, des centaines de morts et de blessés. C'est au cours de ces combats que fut tué à Gaumesnil Michael Wittmann, celui que l'on surnomme "l'as des chars allemands". Venu du front russe, il avait à son actif, à sa mort, 138 chars et 132 canons anti-chars détruits. Ce jour-là, en quelques minutes, trois Tigres (redoutables chars allemands) furent mis hors de combat par le canonnier britannique Joe Ekins.

Après Saint Aignan de Cramesnil, le 1er Northamptonshire Yeomanry participa à la libération de nombreux autres lieux : Saint Julien le Faucon, Lisieux, Bourg Achard, Le Havre et plusieurs villes de Hollande, avant de poursuivre sa marche jusqu'en Allemagne.
Ce même 8 août, de leur côté, les troupes polonaises, venant de Bayeux, attaquaient en direction de Saint Sylvain. La 10ème Brigade du Général Maczek avait, depuis les débuts de la guerre, combattu avec une telle ténacité que ses membres avaient été surnommés "les diables noirs" par les Allemands. La Division Blindée polonaise avait été incorporée dans le cadre da la 2ème Armée canadienne. Son objectif était d'occuper les collines au nord de Falaise. L'opération débuta le 8 août à 11 heures. Vers 13h40, les Polonais reçurent l'ordre d'attaquer : Cramesnil fut libéré dans l'après-midi.

Après une nuit passée dans notre village, à Cramesnil, les combattants Polonais poursuivirent leur attaque entre Cauvicourt et Saint Sylvain et, dès le 9 août au soir, participèrent activement aux terribles affrontements de la cote 111. Ils poursuivirent leur combat jusqu'à la fermeture de la poche de Falaise, aux environs de Chambois. Le 19 août au soir, les blindés de la 1ère Division Blindée polonaise faisaient leur jonction avec les G. I .de la 90ème Division d'Infanterie.